vendredi 16 mars 2012

Regarder passer les camions


Franchement, nous sommes bien entourés.

À Ottawa, un gouvernement conservateur qui fonce droit devant lui par idéologie et qui ignore toutes les questions ou réponses qui ne concordent pas avec sa vision du monde bien cloisonnée.

À Québec, depuis quelques décennies, des gouvernements qui gèrent à la p'tite semaine, sans perspectives, sans aucune anticipation, qui ne font que réagir - c'est-à-dire mettre les couvercles sur les marmites qui finissent toujours par déborder (les crises) - et qui surgissent les unes après les autres sans surprise.

Que des mauvais cuisiniers. 

Pendant ce temps-là, il y a tout ces rapports, qu'on résume au ministre, un point de presse, on en parle pendant quelques jours et puis...tiens, ça crame sur le rond de poêle d'à côté, alors on passe au sujet suivant.

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Actuellement en tournée dans les régions, la Solidarité rurale du Québec (SRQ) et sa présidente, madame Claire Bolduc, prépare un rapport adressé à Québec, sur l'état des régions, dans le but de construire « une future politique nationale de la ruralité ».

En entrevue au Devoir, madame Bolduc dévoile quelques grandes lignes des 22 premières consultations menées (sur 31). Portrait de citoyens laissés pour compte et trop souvent dévalisés par les grosses compagnies - et des citations.

Sur les grandes sociétés commerciales et industrielles, et sur les promoteurs d'ici et d'ailleurs :

« Il n'y a plus rien, sauf des miettes, qui tombent dans les poches des gens de la place. Les gros se servent, transforment le paysage, le village, la vie et s'en vont. »

« La nouvelle aliénation, c'est de regarder les camions passer. C'est pas avec ça qu'on revitalise un village.»

« (...) Mais au niveau gouvernemental, on ferme les yeux alors que la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles est totalement mise en échec par les brokers agricoles, qui vont produire ce qui rapporte sur les marchés boursiers, pas pour nourrir le Québec. »

« (...) les jeunes, même s'ils le désirent, ne sont plus capables d'acquérir de la terre et de former une relève capable de faire soutenir la vie des villages. En Europe, on ne vend pas la terre. Ici, on laisse faire. Il faut agir contre ces phénomènes avant qu'il ne soit trop tard. »

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Que faire ?

« (...) les gens des villages devraient, par leurs élus, être responsables de l'aménagement de leur territoire. Mais en réalité, qu'est-ce qu'ils contrôlent vraiment ? »

Madame Bolduc cite en exemple le village Lebel-sur-Quévillon qui, par sa « résilience » et son « implication citoyenne », a transformé une papetière classique en usine de rayonne, « grâce au dynamisme de son maire».

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« (...) les gens croient dans leur milieu et l'aiment profondément. Ils veulent s'investir dedans et ont le droit de le faire. Il est temps qu'on réalise que c'est eux, notre principale ressource naturelle en région. »

Autrement dit, il faut donner les moyens aux citoyens de chaque municipalité de lutter efficacement contre les invasions des barbares industriels. Les décisions qui les concernent doivent être prises chez eux et non à Québec ou à Ottawa. Les modèles en économie sociale, comme le mode coopératif, ne manquent pas.

Des régions fortes et des citoyens ruraux bien impliqués dans leur milieu, ça donne des villes qui s'alimentent de produits frais. Et ça donne le goût de connaître les producteurs et leurs passions.

Mais d'ici là, il y a maintes menaces en la demeure.

Et comme pourrait me dire mon cher neveu de dix ans :

« Les lobbyistes, tu connais ? »

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L'article du Devoir que je cite étant sous clé sur la Toile, voici le lien pour le site de la SRQ, ici.