mardi 7 août 2012

Du requin des champs


Dans le monde des terres agricoles, la relève, côté exploitants, se fait plutôt rare. Les propriétaires vieillissent. Il devient alors tentant de vendre la terre. 

Puisque les jeunes fermiers ne courent pas les champs - en sautillant, brindille sur le rebord des lèvres et chapeau de paille à la main - puisque l'acquisition d'une terre et son exploitation agricole signifient de lourds endettements - lorsqu'une compagnie à numéros représentée par des seigneurs de la finance se pointe avec une offre d'achat dépassant l'entendement, on ne peut qu'écarquiller les yeux et sauter sur le premier stylo en s'écriant : « Où est-ce qu'on signe, joual vert ? »

Ok, désolé pour l'absence de la brindille.


C'est ce qui est en train de se produire avec les terres agricoles du Québec en général et les dernières disponibles à Québec, en particulier.

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La terre vaut dans les 900 000 tomates. L'offre est de 15 million$ - plus question de tomates ici. L'offrant est-il tombé sur la tête ? Pas du tout. Il rêve d'un « dézonage » agricole. Il fantasme sur un ensemble résidentiel, sur un développement de la banlieue. Il y voit déjà toutes ces piaules qui justifieront ses investissements.

«Au début, on passait pour des fous, mais aujourd'hui on passe pour des brillants», nous dit-il, avec toute la modestie qui n'étouffe pas les gens d'affaires.

Bientôt sur une terre agricole près de chez vous !


Ainsi disparaîtront probablement les dernières terres agricoles de Québec. 

Ou comment s'éloigner de l'autosuffisance alimentaire contre l'aboutissement d'une vie : devenir propriétaire d'une maison en banlieue.

Que sont-ils devenus, ces grands jardins ?


Un dossier à ce sujet dans Le Soleil, ici et - entre autres.